Actuellement, il est possible de travailler l'enluminure sur différents supports : le papier, le papyrus, le bois ... Cependant, l'enluminure classique oppose une surprise déconcertante aux
néophytes : originellement, au Moyen-Âge, les livres enluminés étaient constitués de pages en peau de mouton, de chèvre ou de veau, matière organique inhabituelle en comparaison de nos feuilles
de papier industrielles.
Bien plus sensible aux variations de température, le parchemin a des propriétés très particulières : une élasticité à l'état mouillé, une certaine résistance, les pigments se déposent à sa
surface sans être absorbés comme sur une feuille de papier à base de coton. Il n'a pas besoin d'être traité en surface pour éviter l'effet buvard et peut être légèrement gratté pour effacer une
erreur d'encrage sans perdre sa qualité à la différence du papier qui sera blessé à l'endroit du repentir.
Le parchemin, un peu à part dans la filière du cuir, n'est pas une peau tannée, mais traitée à la chaux. Après traitement, il est raclé pour ne plus se résumer qu'à l'épiderme et une partie du
derme. Tendu sur un cadre, il sèche pendant des semaines afin de prendre une forme plane. Jadis, il était plié et découpé en folios qui une fois assemblés formaient des cahiers distribués
entre les scribes participant à la copie d'un manuscrit. Le travail de copiste était long et rigoureux, un bon calligraphe ne parvenait à écrire que trois ou quatre pages par jour.
Abandonné petit à petit à la Renaissance par l'édition parce qu'entre autres il ne se prêtait pas aussi bien que le papier à la nouvelle technique de l'imprimerie, le parchemin a pourtant subsisté sporadiquement pour la pratique de l'herbier ou du paysage miniature en raison de son grain qui, un fois bien préparé, est d'une finesse et d'une robustesse inégalables (on peut citer par exemple la collection des Vélins du Roi ou un bon nombre de miniatures strasbourgeoises du XVIIe siècle ...).